Festival

Pali Meursault & Thomas Tilly, Melt* (2021)concert, 45 min.

Pendant l’été 2020, Pali Meursault et Thomas Tilly ont plongé leurs micros, hydrophones et capteurs sismiques au fond des crevasses, dans les torrents glaciaires et dans les replis des moraines pour en ausculter les vibrations sonores. Les sonorités inouïes des glaciers, captées dans leurs entrailles, ont formé le cœur de Radio Glaces, un documentaire radiophonique de 5 heures déployé en 14 épisodes, accessible sur la plateforme radioglaces.net. Dans le prolongement de ce premier projet, Melt* est une performance explorant les enregistrements captés sur le terrain, mais aussi les propriétés instrumentales de la glace, sonifiée et manipulée sur scène, et dont la fonte révèle un monde sonore organique et éphémère. À l’intérieur d’un microcosme formé par quatre blocs de glaces et encadré de quatre haut-parleurs, Melt* évoque les processus démesurés de disparition des glaciers en les ramenant à l’échelle de nos corps et de nos perceptions. Le concert fait émerger un environnement sonore crépitant et polyphonique, qui se déploie d’une déflagration initiale jusqu’au bruissement liquide. Les auditrices et auditeurs sont invité·es à se laisser envelopper par un phénomène qui gagne peu à peu son autonomie et sa vie organique, s’étire dans la durée, et derrière lequel les musiciens finissent par s’effacer.
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Melt* a été publié en 2023 par Fragments — concert programmé par le GMEA et enregistré au Grand Théâtre d’Albi

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Pali Meursault est artiste sonore, compositeur, enseignant et chercheur. Sa recherche électroacoustique prend la forme de compositions pour disques, créations radiophoniques, installations ou performances. L’enregistrement de terrain est au cœur d’une pratique héritière de la Musique Concrète, attentive à l’environnement sonore jusque dans les manifestations inaudibles des infra et ultra-sons, ou phénomènes électromagnétiques. Depuis près de 20 ans, il a promené ses micro et antennes dans des environnements urbains ou industriels, sur des glaciers des Alpes ou dans la forêt amazonienne. Ses derniers travaux explorent des lieux de travail, mêlent chants d’insectes et champs électromagnétiques, ou les sons cachés de datacenters. Il est également impliqué dans de nombreuses collaborations, avec le collectif TT-Node, Frédéric Nogray et Lee Patterson (FANT^MS), Nicolas Montgermont (Feral_Bands) ou Thomas Tilly (Melt*). En marge de ces activités, il enseigne l’art sonore et écrit à propos des musiques expérimentales, des cultures sonores et du radio-art. Il a notamment codirigé le numéro Politiques sonores de la revue POLI et coordonné l’ouvrage anthologique Tetsuo Kogawa : Radio-Art aux Éditions UV.

Thomas Tilly est artiste sonore et compositeur de musique expérimentale, né et résidant en France. Actif depuis la fin des années 90, son travail est axé sur des manipulations de terrain mettant en œuvre le microphone, le haut-parleur, et les instruments d'analyse acoustique. Il développe une approche singulière de la phonographie, influencée à la fois par la biologie, l'anthropologie et la mesure du son; ses créations, diffusions et installations, ouvrent un champ de l'écoute envisagé au-delà des présupposés naturalistes. Son travail a été présenté dans une vingtaine de pays à l'occasion de nombreux festivals, résidences de création, expositions et séminaires de recherche. Il collabore avec le champ des musiques noise et improvisées aux côtés d’artistes comme Jean-Luc Guionnet, Junko Hiroshige, Dave Phillips, Éric la Casa, Pali Meursault, celui des arts visuels avec le plasticien Mathieu Kleyebe Abonnenc, où encore le champ scientifique avec l’herpétologue Antoine Fouquet et l’anthropologue Marc-Alexandre Tareau. Il mène depuis 2012 un travail de création/recherche régulier avec l'INA GRM (groupe de recherches musicales), des centres de créations nationaux comme le GMEA (Albi), ou Césaré (Reims), le CNRS Guyane, le Centre d'Étude de la Biodiversité Amazonienne (Labex CEBA), l'Institut des Géosciences et de l'Environnement (IGE), le Parc Amazonien de Guyane (PAG), et est, depuis 2022, conseiller artistique au musée du Quai Branly Jacques Chirac pour le projet Le Musée Résonnant.

Chœur tac-til, Chœur augmenté atelier de pratiques vocales collectives et improvisées, 120 min.

Chœur tac-til s’ouvre, s’augmente de manière éphémère et propose un atelier Chœur augmenté dans un désir de partager l'expérience collective du chœur. C’est alors que le chœur prend tout son sens. Il devient à la fois puissance du commun et outil pertinent pour créer, réparer, libérer, renouer avec son oralité. Le chœur comme expérience propice qui dissout l’opposition entre sujet et monde, comme une plateforme d’hospitalité. Chœur augmenté est constitué de quelques personnes du Chœur tac-til et des participant·es à l’atelier ; un atelier accessible à tous et toutes, qui ne demande aucune pratique musicale ni connaissance solfégique. Il s’avère être une expérience immersive qui se pratique les yeux fermés, dans une ambiance peu éclairée. Cela libère du regard de l’autre et de soi, ça aide à exister autrement, sans se sentir jugé·e. Au sein de ce chœur, chacun·e trouve sa place sur un pied d’égalité, tout en révélant ses propres singularités et les sensibilités. En chœur, partir à la recherche des airs, des mélodies, des chansons oubliées, des langues de l’enfance, ancestrales ou augurales, des chants d’origines, accueillir les trous de mémoire, toutes les tessitures de voix, les abîmées, les fêlées et improviser à partir de ces matériaux. L’improvisation permet d’être en lien avec son parcours de vie, et de se relier avec le chœur à une expérience à la fois individuelle et collective. Ce chœur devient un terrain de jeux, sans bord ni limite, une machine sémantique à réinventer à travers des langues-chants, des langues-sons, où les voix se libèrent et deviennent multiples.

L’atelier est accessible sous réservation uniquement. Merci nous contacter à l’adresse mail suivante : iris.malnou@lab-gamerz.com

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Chœur tac-til est un collectif de 8 voix : Alex Quérel, Chérifa Harzallah, Franck Omer, Mélodie Duchesne, Mafalda Da Camara, Angélique Huguenin, Natacha Muslera, Bruno Raby. C’est en 2012 que Natacha Muslera (vocaliste, improvisatrice, compositrice, chercheuse et plasticienne) insuffle un chœur composé de personnes voyantes et non voyantes. Ses recherches portent sur l’élaboration de modes compositionnels distanciés du champ visuel, créés en compagnonnage avec le chœur et sans cesse mêlés à une pratique de l’improvisation libre. Chœur tac-til a été en résidence au GMEM-CNCM de 2012 à 2023. Avec l’association Off-cells, il reste co-producteur des créations vocales et sonores.

Petra Kapš (alias OR poiesis), Furīfōru / fluvial (2023)séance d’écoute, composition acousmatique, 15 min.

Furīfōru / fluvial suit la sensation extatique de lévitation dans la musique des cascades. L'inspiration centrale de la composition est la dynamique entre la gravité et la lévitation, la nature des corps et leurs divers rythmes — eau, mineraux, atmosphères... Comme dans la chute libre de l'eau et dans sa dispersion, l'impact en trémolo des molécules sur la pierre crée une attraction sans fin, un champ vibratoire élevant les corps. Cette pièce devient ainsi une affirmation de l’entrelacement sensuel des éléments, de leurs imbrications infinies, d’un éros eau-lithique. En proposant une expérience d’écoute corporelle, Furīfōru / fluvial souligne le rôle des environnements extatiques dans la topographie du territoire sonore ainsi que dans les territoires de l'expérience corporelle. La composition a été créée à partir d'une variété d'enregistrements performatifs de cascades et de pierres effectuée entre 2012 et 2023 : parmi d’autres, les chutes d'eau de Šumik et de Skalce à Pohorje, la chute d'eau de Veli Vir en Istrie slovène, la rivière Nadiža, et des enregistrements de l'instrument en pierre KAMIsTONE.

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Petra Kapš (alias OR poiesis) est une artiste compositrice, performeuse et chercheuse dans le domaine de la bio-, géo- et hydroacoustique, de la perception auditive, de la performance sonore et de la transmission radio. Elle travaille en Slovénie et à l'international. Son travail se concentre principalement sur des éléments liés à la terre et au cosmos avec une esthétique fortement influencée par sa pratique de la poésie sonore, son désir passionné de silence et son exploration des phénomènes extatiques, chtoniens et sphériques. Elle a développé les instruments en pierre KAMIsTONE et TEKTON. Dans son travail, la présence physique du corps est toujours centrale, malgré son usage d’outils numériques.

Pauline Mikó, PLUIES
performance sonore, 35 min.

Le projet PLUIES de l’artiste belge-hongroise Pauline Mikó est un projet sonore et performatif qui tend à renforcer la relation entre les plantes, la nature et l’être humain. Par un système de capteurs et d’électrodes connectés aux racines des plantes et au corps de l’artiste, l’échange bio-électrique mis en place est transformé en son, grâce à un synthétiseur modulaire. Les ondes sonores sont ensuite modulées pour produire une musique, à la fois destinée aux oreilles du public mais également aux plantes elles-mêmes. En créant un dialogue entre nature et technologie, Pauline Mikó nous offre une expérience originale et sensorielle. L’artiste tente de redonner une place légitime aux plantes dans nos vies urbaines. En renforçant notre connexion à notre environnement, l’idée est de prendre conscience de sa fragilité et de l’importance de le respecter. Replacer le vivant au centre de nos communautés et permettre un dialogue, telles sont ses intentions.

Un projet présenté dans le cadre de la programmation de la Biennale NOVA_XX - Biennale dédiée à l’intrication artistique, scientifique et technologique en mode féminin et non-binaire par Le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris en partenariat avec LABgamerz

Pauline Mikó est photographe de formation. A travers ses différents projets multimédia, performatifs et photographiques, elle interroge sans cesse notre rapport au sol, à l’environnement, au vivant. En 2010, avec Oh My Garden, elle organise une trentaine de concerts dans des jardins, invitant les voisins d’un quartier à se rencontrer dans l’espace privé d’un jardin au centre-ville. En 2013, elle débute un travail de longue durée sur la mémoire, le territoire et le temps en enterrant des capsules temporelles aux quatre coins du monde avec A Project for Later, attendant 10 ans pour retrouver ces boîtes à souvenirs contenant photographies, textes, cartes SD et autres objets porteurs de temporalité. Son projet performatif PLUIES est la suite logique de ses recherches sur le sensible, et sur notre relation à l’environnement.

Nour Sokhon, Beirut - Berlin - Birds (2024)performance sonore - création, 40 min.

Beirut - Berlin - Birds explore les complexités des expériences d’exil et d’émigration via une recherche sonore où les trajectoires des oiseaux migratoires deviennent une métaphore de la diaspora libanaise. Les sons du paysage sonore de la ville natale de l’artiste – Beyrouth – se mélangent avec des enregistrements d’oiseaux de la ville dans laquelle elle est partie depuis deux ans : Berlin. Ces sources sonores sont composées via la manipulation et l’amplification en temps réel d’objets liés à l’expérience de l’exil, tels que les documents demandés par l’Union Européenne aux citoyen·nes Libanais·es pour entrer dans son territoire. Une démarche à la fois intime et politique qui conjugue expérience personnelle et engagement social via une expérimentation interdisciplinaire de matériaux, sons et images.

‍« ... J’ai juste peur qu’on me dise qu’il me manque des documents. Je n’en peux plus. »
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L’Orient Aujourd’hui / Par Zeina Antonios, 22 septembre 2021.‍

‍« Quitter la maison ou rester a été le thème constant des conversations au cours des 4 dernières années au Liban. La vague d’émigration se répète, à l’image de ce qui s’est passé pendant la guerre civile : Berlin, Paris, Amsterdam, Dubai, Montréal… La liste des villes ne cesse de s’allonger. Lorsque la révolution du 17 octobre 2019 a commencé, de nombreuses personnes de la diaspora libanaise sont rentrées pour rejoindre les manifestations, tandis que d’autres ont organisé des manifestations dans les villes où elles vivaient.
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Beirut – Berlin – Birds est une improvisation en direct composée d’enregistrements sur le terrain et d’objets. Tout au long de la composition, les sons des routes de migration des oiseaux sont recréés en direct, grâce à l’utilisation d’objets et des copies des documents requis pour que les Libanais·es puissent entrer dans l’UE. De plus, des enregistrements d’oiseaux collectés à Beyrouth et à Berlin de 2019 à aujourd’hui, sont utilisés pour tisser la composition. Des fragments de l’environnement sonore de la ville de Beyrouth, enregistrés avant le 17 octobre 2019, sont utilisés pour dépeindre l’ambiance sonore d’un Beyrouth que nous connaissions autrefois : Beyrouth avant le début de cette nouvelle vague d’émigration. »
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Nour Sokhon

Une production LABgamerz
En partenariat avec le GMEM— Centre national de création musicale
Avec le soutien de The Arab Fund for Arts and Culture - AFAC
Contributions visuelles de Beyrouth : Gabriel Haddad

‍Nour Sokhon est une artiste libanaise basée à Berlin. Sa pratique artistique est centrée sur l’exploration de différentes méthodologies de travail et de recherche, notamment des entretiens, des enregistrements sur le terrain et des interventions in situ. Sa recherche se traduit ensuite par des compositions sonores, des performances, des installations interactives et des images en mouvement. En 2014, Nour Sokhon a obtenu un diplôme aux Beaux-arts de l'Université américaine de Dubaï, et elle a poursuivi sa formation à la Glasgow School of Art (Royaume-Uni), où elle a développé son premier projet à grande échelle : People on Sound (2017). En 2019, elle a reçu le Prix pour les artistes émergeant·es au Musée Sursock au Liban pour un film intitulé Revisiting : Hold Your Breath. Elle est lauréate de la bourse en arts sonores de la Basse-Saxe et de l’Université des Beaux-Arts de Braunschweig, en Allemagne. L’artiste a exposé ses projets à Beyrouth, Dubaï, Londres, Glasgow, Paris, Hambourg, Madrid, Zurich, Hastings, Utrecht, Berlin, Zagreb, Juterbog, Sellasia, Montreal, London, India, Melbourne et Souston. Elle s'est également produite à Francfort, Berlin, Beyrouth, Dubaï, Paris, Montréal, Melbourne, Athènes, Amsterdam, Berne, et dans différents festivals tels que le Al Quoz Arts Festival (Dubai, UAE), le Other Worlds Festival (Blackpool, UK), le Network Music Festival 2020 et This Is Not Lebanon (Francfort, Allemagne) Punkt Festival 2023 (Kristiansand, Norvège), Gaudeamus Festival 2023 (Utrecht, Pays Bas) et United in Grief 2024 (Zurich, Suisse).

David Rothenberg, Un rossignol dans la ville (Actes Sud, 2024)présentation du livre, 40 min.

Une célébration de l’édition française du nouveau livre du musiciste, naturaliste et philosophe David Rothenberg : un récit de musique live avec les rossignols à Berlin, mêlant science, musique, poésie et interactivité.

Qu’est-ce que la science peut avoir à dire de la beauté d’un chant d’oiseau ? David Rothenberg pose la question fondamentale de savoir si l’esthétique du chant des rossignols peut être quantifiée et, si oui, comment la science peut aider à y répondre. Pour cela, il s’appuie sur les travaux de biologistes, de bioacousticiens, de musicologues et de neuroscientifiques de renom et les convainc que la beauté peut devenir un sujet scientifique d’intérêt grâce à l’enregistrement sonore de milliers de chants de rossignols. Un rossignol à Berlin ne s’intéresse pas seulement à la perfection du son mais également à la complexité du chant de cet oiseau dans un paysage sonore fait d’innombrables communications multi-espèces. David Rothenberg improvise avec les rossignols des parcs de Berlin lors de rencontres musicales inter-espèces nocturnes, à la recherche du son parfait et du fameux effet Sharawadji, qui qualifie la beauté de l’irrégularité. Ce livre est un voyage mystique, instinctif et introspectif entre un homme et un oiseau peu visible et pourtant si présent dans notre paysage sonore. Il nous invite à une «écoute profonde» . Entrer dans cette écoute, c’est aussi accepter l’idée que le rossignol veut communiquer avec des musicien·nes humain·es. En s’adaptant à l’augmentation exponentielle des bruits produits par l’homme, le rossignol s’en inspire, intensifiant son chant pour parvenir à se faire entendre, y compris au milieu de la pire des cacophonies. Par sa sensibilité de musicien, son regard poétique et philosophique sur son environnement, David Rothenberg nous aide à apprécier ce chant millénaire, à l’écouter véritablement et à y participer...

En partenariat avec Actes Sud

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David Rothenberg est un musicien new-yorkais, icône de la scène musicale expérimentale américaine et pionnier de la musique inter-espèces, il joue avec les baleines, les insectes et les rossignols. Il est également naturaliste et philosophe et a écrit Why Birds Sing, Bug Music, Survival of the Beautiful et bien d’autres livres, publiés dans au moins onze langues. Il a publié plus de quarante enregistrements, dont One Dark Night l Left My Silent House, paru chez ECM et, plus récemment, In the Wake of Memories et Faultines. Il a joué ou enregistré avec Pauline Oliveros, Peter Gabriel, Ray Phiri, Suzanne Vega, Scanner, Elliott Sharp, Umru, Iva Bittová et le Karnataka College of Percussion. En 2024, il a remporté un Grammy Award en tant que membre de For the Birds, dans la catégorie Best Boxed Set. Whale Music et Secret Sounds of Ponds sont ses derniers livres. Nightingales In Berlin est son dernier film. Rothenberg est professeur émérite au New Jersey Institute of Technology.

Petra Kapš (alias OR poiesis), YAMAMAYU (2022-2024)promenade sonore, pratique de deep listening, 90 min.

Comment écouter l'invisible ? Comment percevoir des êtres qui ne veulent pas être entendus ? Cette promenade sonore nous emmène à la recherche du silence et à l'écoute de l'inaudible, en errant à travers nos oreilles et les signaux subtils de notre corps dans le monde des papillons nocturnes Yamamayu et de notre intériorité. Les Yamamayu (Antheraea yamamai, papillon de soie de chêne) habitent aujourd’hui les forêts à feuilles caduques de l’Europe centrale, vivant à la cime des arbres. Ces nouveaux arrivants, indigènes de l’île japonaise de Honshu, ont été importés entre le milieu et la fin du 19ème siècle, et ont réussi à s’émanciper pour vivre en liberté dans la forêt lors de tentatives d’élevage local de vers de soie. La promenade sonore YAMAMAYU se concentre sur l’écoute des présences (presque) inaudibles des arbres et de nos corps ; elle commence par un exercice d’accordage collectif, puis le groupe se déplace en suivant des partitions d’écoute pour explorer le territoire. En réduisant le champ visuel, notre spectre auditif s’affine et s’élargit de manière exponentielle tandis que les frontières du moi/soi commencent progressivement à s’adoucir. Via l’écoute profonde, une pratique étroitement liée à la capacité de comprendre la complexité de la réalité et à l'empathie — les prémisses d’une résonance inclusive — YAMAMAYU génère un environnement propice à l’expérience de la métamorphose et de la transformation sonore, en apprenant des papillons.

Petra Kapš (alias OR poiesis) est une artiste compositrice, performeuse et chercheuse dans le domaine de la bio-, geo- et hydroacoustique, de la perception auditive, de la performance sonore et de la transmission radio. Elle travaille en Slovénie et à l'international. Son travail se concentre principalement sur des éléments liés à la terre et au cosmos avec une esthétique fortement influencée par sa pratique de la poésie sonore, son désir passionné de silence et son exploration des phénomènes extatiques, chtoniens et sphériques. Elle a développé les instruments en pierre KAMIsTONE et TEKTON. Dans son travail, la présence physique du corps est toujours centrale, malgré son usage d’outils numériques.

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